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panel.gifDe la France à la Bolivie - Carnaval bolivien

Chaque année, à la même époque, la Bolivie entre en carnaval, comme d’autres entrent en Ramadan ou en Carême. Cette pratique est devenue une institution, voire une religion avec ses rites et sa symbolique.

Histoire de planter le décor...

Lorsqu’en 1991, l’Amérique fêtait ses cinq cents ans de découverte, une affiche exhibait en grand ces quelques mots: «Cinq cents ans de résistance. Cinq cents ans d’oppression. Cinq cents ans d’évangélisation ». De fait, l’arrivée des missionnaires a souvent été assimilée à l’arrivée des colons, à l’élimination de l’empire Inca, à l’esclavage et à l’exploitation des mines d’or et d’argent. De nombreux missionnaires jésuites, franciscains et dominicains ont porté secours aux indiens, les protégeant de la violence des conquérants. Mais, de multiples erreurs ont été commises également parmi les rangs des missionnaires, jusqu’à recourir au pouvoir politique et aux armes pour lutter au nom des exploités.

La République de Bolivie, après avoir été soumise à de multiples régimes dictatoriaux, connaît aujourd’hui une démocratie fragile dont les règles éthiques font parfois défaut. L’histoire de la conquête reste encore bien présente dans l’inconscient collectif et resurgit souvent dans le folklore local, comme c’est le cas en période de carnaval. L’impérialisme américain n’est pas étranger à cette situation et exerce, au même titre que les narcotraficants, son hégémonie au sein de la vie économique et politique du pays.

Du côté de Vallegrande

Le peuple vallegrandino compte parmi ses ancêtres les Chiriguaranis, les Collas et les Espagnols. Le métissage entre indiens, occidentaux de l’Altiplano (quetchuas et aymaras) et colons espagnols a donné naissance à une expression culturelle locale aux rites mêlés et variés. Comme sous d’autres cieux on est d’abord alsacien ou lorrain, ici, on est d’abord vallegrandino avant d’être bolivien.

Vallegrande ne peut pas rivaliser avec les célèbres carnavals d’Oruro, de Santa Cruz ou de Cochabamba. Toutefois, avec ces grandes villes du pays, le carnaval vallegrandino partage une même passion et de nombreuses déviances. On va à Vallegrande, parce que là-bas tout est permis! Les jours de liesse sont des jours de débauche où l’alcool excuse beaucoup et où l’amnésie a valeur de laissez-passer.

Que d’eau, que d’eau!

Du dimanche au mardi gras, les journées se suivent au rythme des groupes musicaux et des jeux d’eau et de couleurs. En ce pays machiste, si les femmes sont élevées au rang de reines du carnaval, se sont elles aussi qui sont la cible des jets de ballons gonflables remplis d’eau. Seules les femmes enceintes ne sont pas visées. Elles bénéficient, en ce sens, de la force symbolique de la fécondité et du caractère sacré lié à la figure maternelle. Par ailleurs, si dans le cortège on rencontre une femme de mauvaise vie, à tous les coups, sous son accoutrement, se cache un homme! En ce sens, le carnaval bolivien n’a encore pas atteint le niveau du festival brésilien où les jeunes filles défilent dans le costume des origines de l’humanité.

Vous avez dit « ch’alla »?

La ch’alla se célèbre le mardi de carnaval. La coutume, qui vient des peuples andins, veut que l’on asperge, ce jour-là, avec de l’alcool, les objets neufs ou maisons récemment construites. Dans la croyance populaire, l’offrande commence en versant une part de la boisson alcoolique sur le sol, puis en partageant le liquide avec les personnes présentes. Cette libation est offerte en honneur à la Pachamama. Celui qui n’accomplit pas ce rite, risque de voir sa maison s’écrouler.

Comme à Vallegrande on ne rencontre pas de prêtres aymaras pour accomplir cette liturgie, certains ont recours aux prêtres du coin pour bénir leur maison. La demande des sacramentaux part d’un bon sentiment, toutefois il est préférable parfois reporter le désir de bénédiction dans le temps pour que l'eau retrouve son véritable symbolisme.

Opération réussie, patient mort!

Le mercredi des Cendres est consacré à l’enterrement du carnaval. La fête commence de bon matin jusque dans l’après-midi, vers quatre ou cinq heures. Chaque troupe de gens masqués vient en procession, agitant des branches d’arbres, jusqu’à la fontaine de la place centrale. Celui qui est un peu distrait pourrait penser qu’on fête Pâques avant les Rameaux. Car, dans le cortège, se trouvent réunis un prêtre, un cadavre et une veuve enceinte. Au son de la musique et des pleurs, le cadavre est jeté dans l’eau, tandis que la triste veuve s’en repart joyeuse.

Pour les familles, le carnaval est une occasion de retrouvailles. Après la fête, chacun repart vers sa destination d’origine. Les uns pour Santa Cruz, les autres pour Cochabamba. Ces derniers, combien même le prix du billet d’autobus aura doublé, s’en vont pour prendre part alors au carnaval de leur ville. En effet, comme la plupart des participants au cortège d’Oruro sont venus de Cochabamba, ceux d’Oruro rendent la pareille, une semaine plus tard, à leurs visiteurs. Heureusement, la conférence épiscopale bolivienne a levé le scrupule des consciences, en reportant le jeûne et l’abstinence du mercredi des Cendres au vendredi de la cinquième semaine de Carême.

Le carnaval est mort et enterré, vive le carnaval! Hips!


Date de création : 22/12/2004 - 17:37
Dernière modification : 22/12/2004 - 19:39
Catégorie : De la France à la Bolivie
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